2- LES POLLUANTS VOLATILS DANS L’AIR
La pollution de l’air à l’intérieur des maisons vient de nombreuses sources. Et elle est plus nocive que celle de l’air extérieur.
En effet, les gaz qui polluent la planète et qui participent au plus gros de l’effet de serre (naturel et additionnel), comme la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone et le méthane ne sont pas toxiques à la dose polluante. La seule pollution extérieure véritablement dangereuse (elle entraîne d’ailleurs de nombreux décès) est celle qui constitue le « smog ». C’est un mélange de gaz qui réagissent ensemble et au soleil, et qui forment un brouillard irritant, toxique et parfois mortel. Les composants les plus typiques sont les oxydes d’azote, les particules diverses, les oxydes de souffre, le monoxyde de carbone et bien sûr l’ozone, particulièrement nocif.
La pollution de l’air intérieur est bien plus insidieuse, car ses composants et ses concentrations ne sont jamais visibles, il n’y a nul smog pour nous avertir, pourtant, ses effets sont comparables. Nous les classerons en différentes catégories, nous ne parlerons pas ici du radon, ni des pollutions accidentelles comme des fuites de gaz ou des intoxications au monoxyde (ça ne veut pas dire qu’elle ne sont pas importantes, bien au contraire, mais seulement qu’elles sont relativement bien diagnostiquées et prises en charge). Quelques fois ces polluants sont nommés C.O.V., composées organiques volatils, sachant que organique signifie « qui contient du carbone », la quasi totalité des polluants sont des C.O.V. :
– les solvants
– les émanations post-séchage
– les produits pesticides et les désodorisants volontairement lâchés dans l’air
Les solvants
Contexte :
Ces produits, par définition très volatils, sont utilisés pour liquéfier une émulsion. Celle-ci peut être une peinture, un vernis, une colle, une résine etc. Une fois l’émulsion appliquée, le solvant s’évapore dans l’air et les autres composants se fixent et durcissent. La plupart du temps, si le solvant est réutilisé sur le produit sec, celui-ci se dissout de nouveau. Il est donc parfaitement évident et normal que ces produits se trouvent dans l’air si on les utilise. Ces produits sont très nombreux, nous citerons justes les principaux et leurs familles :
– produits pétroliers : essence, white spirit, toluène, trichloréthylène
– produits naturel : essence de térébenthine, alcools
Effets sur la santé :
Les effets sont encore une fois très variables mais toujours similaires. À faible dose, irritations des muqueuses, des voies respiratoires et des yeux. À moyenne dose, en plus des symptômes précédents, vertiges, troubles oculaires, maux de tête, hémorragies du système respiratoire, troubles du sommeil. À forte dose, toujours en plus, hémorragies générales, catalepsie, mort. Et comme toujours, ces produits ont un effet cancérigène en cas de faible dose permanente. De plus, ils ont aussi un effet potentiellement allergène et les personnes qui y sont sensibles (parfois sans le savoir avant) peuvent subir des problèmes très importants allant jusqu’au choc métabolique, qui peut provoquer la mort très rapidement.
Moyens pour résoudre le problème :
Il y a deux problèmes, d’abord celui des émissions pendant l’utilisation, il devrait être obligatoire pour tous les manipulateurs qu’ils soient professionnels ou particuliers de se protéger : gants, lunettes et masque. Et de ne manipuler ces produits que dans des locaux correctement ventilés, d’autant plus que ces produits sont généralement inflammables et explosifs en atmosphère confinée. Ensuite, le problème de l’absorption de ces solvants par d’autres matériaux. Si les locaux sont mal ventilés et contiennent des objets poreux, les solvants ne vont pas s’évacuer mais se glisser dans tous les endroits absorbants. Ceux-ci les relâcheront ensuite petit à petit pendant une période extrêmement longue allant jusqu’à la durée de vie du matériau. Ces matériaux absorbants sont par exemple : la moquette, les mousses et laines d’isolation, le mobilier, les literies coussin etc., le tissu, et bien d’autres encore. Les effets de cette pollution-là sont détaillés dans la partie suivante, les émanations post-séchage.
Un autre moyen pour résoudre ce problème est bien entendu de n’utiliser que des produits inoffensifs comme solvants, l’eau par exemple.
Les émanations post-séchage
Contexte :
Nous avons vu que les colles et résines utilisent des solvants pour la mise en œuvre, certaines fois ces produits sont utilisés directement sur le chantier dans l’habitation, et provoquent les problèmes cités plus haut, mais un grand nombre de matériaux contiennent des colles et résines qui sont déjà sèches en arrivant sur les lieux : c’est le cas des bois agglomérés et contre-plaqués, des objets pré-peints et pré-collés. Comme il est dit plus haut, les matériaux qui ont absorbé des solvants sont aussi à leur tour dans la même situation. Tous ces produits continuent de relâcher de faible quantités de solvants ainsi que d’autres produits issus des émulsions de départ. Les plus médiatiques d’entre eux :
– le formaldéhyde
– les éthers de glycol
– le styrène
Effets sur la santé :
Ils ne sont pas très originaux, à forte concentration (dans le cas d’une maison tout en bois collés par exemple), hémorragies diverses, troubles neurologiques, mort. Mais ils sont le plus souvent à faible dose permanente, du fait de leur faible émissivité. Les effets sont alors ceux d’une lente intoxication : diminution des défenses immunitaires, fatigue, trouble du sommeil, maux de tête et troubles de la concentration, et cancers.
Moyens pour résoudre le problème :
Dans le cas des matériaux absorbants, la solution est simple : ne jamais utiliser de solvant en leur présence, pas de peinture dans une pièce meublée, donc, et les collages et autres, à réaliser dans un atelier dépourvu de mousses et fibres et surtout bien ventilé. Pour les autres matériaux, qui émettent eux-mêmes les polluants, ils n’y a pas de solution réelle. Celle de boucher les panneaux de bois agglomérés par des chants thermocollés plastiques par exemple est ridicule, le joint finit toujours par fuir, et le résultat est identique. La seule solution est de n’utiliser que des colles non toxique (à la caséine par exemple) pour les objets destinés à l’intérieur des maisons. Et bien sûr de toujours ventiler correctement les pièces.
Important : Il faut retenir que l’endroit où cette pollution est la plus dangereuse se trouve dans la chambre des enfants en bas âge. En effet ces chambres sont souvent remises à neuf par leur propriétaire, en présence du mobilier, et sans précaution particulière. Les enfants sont bien entendu beaucoup plus sensibles que les adultes à toute forme de pollution et dans leur cas, une diminution notable des défenses immunitaires dès la naissance peut avoir des résultats dramatiques. Actuellement, les asthmes déclarés chez les enfants sont en progression de 40 % tous les dix ans… Cette pollution interne aux habitations en est l’une des causes.
Les colles non-toxiques existent depuis bien longtemps, la caséine par exemple est issue du lait. Elles sont tout aussi efficaces que les colles pétrochimiques, sauf qu’elles ne résistent que rarement à l’eau (c’est souvent leur solvant). Pourtant, les objets, en bois notamment, qui sont utilisés dans les maisons n’ont pas besoin de résister à l’eau. Et d’ailleurs dans le cas de réel dégât des eaux, même les produits dit résistants sont détruits.
Les produits volontairement relâchés dans l’air
Contexte :
Il en existe deux types, les produits pesticides pour lutter contre des indésirables et les tuer et les produits aromatiques pour désodoriser. Les produits pesticides sont dangereux, quelque soit le produit utilisé : le suffixe « icide » signifie d’ailleurs « qui tue », il est absurde de croire que ces produits ne nous font rien. Seulement, en cas d’utilisation ponctuelle et à faible dose, notre organisme se débrouille pour les éliminer sans trop de difficultés. Les produits désodorisants, eux ne sont pas forcément dangereux en eux-mêmes mais c’est surtout leur véhicule (pot imbibé, bombe aérosol etc.). Toutes les bombes aérosols contiennent divers gaz, dont les gaz propulseurs, qui sont explosifs, toxiques et à effet de serre. Certains d’entre eux détruisent la couche d’ozone également mais c’est un autre problème. Quand aux arômes, ils ont des origines diverses, naturelles ou pétrochimiques, parfois mélangés et ont des degrés de toxicité très variables.
Effets sur la santé :
Les produits pesticides sont toxiques, en cas d’utilisation à forte dose, les symptômes sont les mêmes que précédemment cité, jusqu’à la mort. En cas d’utilisation chronique, troubles immunologiques et cancers. Les aérosols ont les mêmes effets, et les arômes, eux provoquent des pathologies différentes : allergies, troubles respiratoires, maux de tête. Ces troubles sont généralement bénins et disparaissent avec la source du problème. Il est impossible de dire si ces composés sont cancérigènes et dans quelle mesure tant ils sont nombreux mais il est prévisible que la règle d’opulence s’applique : en cas d’exposition faible et permanente, risques de cancers.
Moyens pour résoudre le problème :
Les produits tueurs d’indésirables devraient être remplacés par des produits répulsifs, qui eux ont l’avantage ne n’être que rarement toxiques et très sélectifs (les pesticides ne le sont pas, même si certains d’entre eux sont plus efficaces contre les insectes volants par exemple, à haute dose ils sont tous mortels pour tout le monde). Pour les désodorisants, ceux qui sont en bombes ne devraient être utilisés que dans… des pièces ventilées ! ce qui réduit à néant leur efficacité. Les arômes qui se diffusent lentement (imprégnés sur un support) devraient être choisis avec soin par leur utilisateur en fonction de sa propre sensibilité. Il est inutile d’utiliser des produits contenant des produits pétrochimiques : la nature contient beaucoup plus d’arômes que nous ne saurons jamais en produire et les senteurs naturelles sont bien souvent moins allergéniques que leurs équivalents artificiels.
Important : Encore une fois, les produits naturels ne sont pas inoffensifs pour autant : un insecticide, qu’il soit issu d’une usine ou d’une plante est fait pour tuer et il tue. D’ailleurs les pires poisons que nous connaissions sont issus de produits naturels (strichnine, curare etc.). Et de même pour les arômes : ces produits sont actifs, ils ont donc des effets sur les individus. Les arômes naturels connus depuis la nuit de temps ont souvent des effets bénéfiques, mais certaines personnes peuvent pourtant y être allergiques. Pour finir, il est important de retenir qu’on ne supprime pas un problème en le cachant ou en s’enterrant la tête dans le sable : les mauvaises odeurs que nous souhaitons cacher ont une origine, et la meilleure manière de les supprimer n’est pas de les masquer mais de résoudre le problème à son origine. On ne parfume pas une viande avariée : on s’en débarrasse. Les mauvaises odeurs dans les maisons sont révélatrices d’un dysfonctionnement (fuite, infiltrations ou autre) et il est utile de ne pas trop les cacher. Sinon leur message passera inaperçu et le problème empirera jusqu’à devenir insoluble.